Un écrin naturel préservé au cœur de l’Eure-et-Loir
La forêt de Senonches, nichée dans le département de l’Eure-et-Loir, s’étend sur plus de 4 200 hectares (selon l’Office national des forêts) et figure parmi les plus vastes massifs forestiers de la région Centre-Val de Loire. Située à environ 45 kilomètres de Chartres, elle plonge les promeneurs dans une ambiance presque féerique : de grands troncs centenaires jaillissent de la terre, abritant une multitude de petits mammifères curieux, d’oiseaux discrets et de cerfs toujours en alerte. Qui n’a jamais rêvé de croiser un chevreuil au détour d’un sentier moussu ?
Le changement de décor est immédiat dès que l’on pénètre entre les grands chênes et les hêtres robustes. Le bruissement des feuilles, ponctué parfois des cris furtifs d’un geai ou d’un pic épeiche, invite à ralentir le pas et à tendre l’oreille. Les enfants, souvent rivés à leur curiosité, adorent emporter une petite loupe pour observer la moindre trace de vie : une fourmi qui file sur une branche, une empreinte de sanglier dans la boue, ou encore des plumes colorées tombées d’un oiseau inconnu.
Dans ces allées ombragées, le temps semble s’étirer. Pourtant, les premières notes de l’automne ou du printemps suffisent à métamorphoser le décor et à inciter la faune à sortir de l’ombre. Partir en famille à la rencontre des animaux signifie composer à la fois avec la patience et l’émerveillement. Pour aider chacun à profiter de ce royaume sylvestre, voici quelques sentiers et astuces incontournables.
Pourquoi la forêt de Senonches est-elle un lieu privilégié pour la faune ?
Le climat tempéré et la variété des essences végétales créent un habitat diversifié, accueillant aussi bien de grands mammifères que des insectes et une large palette d’oiseaux. Les chênes, qui peuvent atteindre plusieurs siècles d’existence, offrent un abri de choix à de nombreuses espèces. Les zones humides, comme les étangs ou les mares nichées au creux des clairières, attirent quant à elles des grenouilles, libellules, amphibiens et plusieurs variétés de canards sauvages.
Les autorités locales et l’Office national des forêts (ONF) organisent régulièrement des actions pour préserver ce poumon vert. Les coupes de bois sont raisonnées, de nouvelles essences sont parfois plantées pour maintenir un équilibre, et certaines zones sont protégées des activités humaines trop intrusives. Grâce à cette gestion, le patrimoine naturel reste vivace, et chacun peut s’amuser à pister d’éventuelles empreintes ou traces laissées par les animaux au fil de ses balades.
Sentier n°1 : Le circuit du Chêne l’Évêque
Le circuit du Chêne l’Évêque constitue une première approche pour celles et ceux qui souhaitent emmener leurs proches à la rencontre de la vie sauvage. Son nom évoque un chêne remarquable, parmi les plus majestueux de la forêt, et témoigne de l’histoire ancienne de ce massif fréquenté depuis le Moyen Âge.
- Longueur : environ 6 kilomètres, un format idéal pour une promenade familiale, sans trop fatiguer les plus jeunes.
- Niveau : facile à modéré, avec des chemins bien balisés mais quelques sections légèrement vallonnées.
- Points forts : la présence de zones humides en bordure du circuit, où l’on peut guetter canards et hérons. Les chênes séculaires le long du chemin valent aussi le détour.
Dans les clairières qui se forment çà et là, les familles patientent souvent un long moment pour apercevoir les chevreuils qui se risquent hors du couvert forestier. Pour mettre toutes les chances de son côté, il est conseillé d’arriver tôt le matin ou en toute fin de journée, quand l’activité humaine se fait plus discrète et que les animaux osent s’aventurer hors des fourrés.
Sentier n°2 : La boucle de l’Étang de la Benette
Si l’eau vous attire, la boucle de l’Étang de la Benette est un spot privilégié pour qui souhaite observer une faune variée, allant des amphibiens comme les grenouilles rieuses jusqu’à quelques variétés de poissons qui viennent respirer en surface. Le clapotis de l’eau, associé au feuillage dense, peut dissimuler de charmantes surprises à celui qui sait garder les yeux grands ouverts.
- Longueur : environ 5 kilomètres, accessible à tous les âges.
- Niveau : familial, principalement plat, donc adapté aux poussettes tout-terrain ou aux petits marcheurs.
- Ambiance : l’omniprésence de l’eau crée une atmosphère apaisante et favorise l’apparition d’oiseaux aquatiques.
Observer la faune dans ce petit écosystème humide demande souvent un peu de silence : le cri d’une foulque macroule, le glissement furtif d’une couleuvre à collier ou encore le saut soudain d’une grenouille hors de la berge sont autant de spectacles qu’il serait dommage de rater. Les familles aiment souvent faire une pause pique-nique près de l’étang, en veillant à respecter la zone et à ne pas perturber l’environnement.
Sentier n°3 : Les chemins du Rond de Batonceau
Le Rond de Batonceau, situé au cœur de la forêt de Senonches, est un lieu fréquenté par les cerfs et les chevreuils. Ses axes en forme d’étoile, typiques des forêts domaniales, débouchent sur de larges allées où la visibilité est parfois bonne sur plusieurs centaines de mètres. Tandis qu’on avance en famille, on peut soudain apercevoir un groupe de biches traverser la route forestière.
Pour profiter de ce spectacle, il faut prendre le temps de faire régulièrement des haltes, d’observer, et d’éviter de trop bavarder à voix haute. Les enfants, parfois impatients, apprécient de se voir confier une mini-mission comme repérer des traces dans la boue ou estimer l’âge d’un arbre tout en mesurant – à leur façon – la circonférence de son tronc.
- Longueur : variable, le réseau d’allées permet d’adapter la boucle à son rythme.
- Niveau : facile, car le sentier est majoritairement plat. Les poussettes solides peuvent tout à fait passer.
- Caractéristiques : la rencontre avec les cervidés reste moins garantie qu’à la tombée de la nuit ou tôt le matin, mais les indices de présence animale sont nombreux (empreintes, restes de nourriture...).
Quelles espèces peut-on observer ?
Le potentiel de rencontres animales est vaste, même si, par nature, la faune sait se faire discrète. En sillonnant la forêt de Senonches, on peut espérer apercevoir de loin :
- Le cerf élaphe : emblématique de ces lieux, notamment en période de brame (entre septembre et octobre) où les mâles se font entendre.
- Le chevreuil : plus petit que le cerf, mais tout aussi furtif. On reconnaît bien souvent sa présence à ses aboiements caractéristiques.
- Le sanglier : expert pour se dissimuler dans les fourrés denses. Les marcassins qui suivent leur mère en file indienne attirent toujours l’attention.
- Le renard roux : moins nombreux qu’à une époque, mais encore visible au crépuscule si l’on est patient et surtout silencieux.
- De nombreuses espèces d’oiseaux : des rapaces comme la buse variable ou l’autour des palombes, mais aussi des passereaux (mésanges, rougegorges) et des picidés (pic vert, pic épeiche).
Il ne faut pas oublier les petits habitants des clairières : hérissons, écureuils roux et même musaraignes sillonnent la litière de feuilles. Les amphibiens et insectes abondent près des mares ou des étangs, où l’on croise parfois libellules, salamandres et têtards en pleine évolution. Les plus observateurs apprécieront la présence de papillons colorés, tels que le paon-du-jour ou le myrtil, qui virevoltent d’une fleur à l’autre.
Moments clés pour une observation réussie
Il n’existe pas de règle absolue, mais la faune se montre souvent plus active aux heures de faible affluence humaine et lorsque la luminosité se fait douce. Les premières lueurs de l’aube et le crépuscule offrent donc les meilleures chances de voir des animaux circuler hors de leur cachette.
- Début de matinée : l’activité nocturne se termine et les animaux se déplacent souvent pour se nourrir avant de regagner des zones plus tranquilles.
- Fin de journée : c’est le moment où beaucoup d’espèces se préparent à sortir à nouveau pour chercher leur nourriture.
- Après la pluie : les sols humides révèlent des empreintes fraîches, et certains animaux sortent pour boire ou chasser des vers de terre.
Pour optimiser la balade, mieux vaut arriver à l’orée de la forêt en gardant un volume sonore modeste. Les chuchotements et la marche discrète augmentent grandement les probabilités de croiser cervidés et volatile rares.
Astuces pour randonner en famille et préserver la faune
Partir en forêt avec de jeunes enfants constitue une aventure pleine d’émotions. Il convient toutefois de respecter quelques règles pour préserver ce joyau naturel et garantir la sécurité de tous.
- Préparer le matériel : emmener des jumelles adaptées aux enfants, un petit carnet pour noter observations et questions, et de quoi se protéger (chapeau, crème solaire ou vêtement imperméable selon la saison).
- Rester sur les sentiers balisés : c’est la meilleure façon d’éviter de déranger les animaux dans leurs zones de repos ou de nourrissage, et de limiter l’impact sur la flore.
- Gérer le bruit : limiter les cris et les discussions trop fortes aide à rester discret, un critère essentiel pour espérer croiser la faune locale.
- Observer sans déranger : il est préférable de ne pas s’approcher trop près des animaux. Les parents peuvent sensibiliser les enfants à l’importance de garder une distance respectueuse.
- Tenir les chiens en laisse : les chiens doivent être tenus sous contrôle permanent pour éviter qu’ils ne poursuivent un animal ou ne causent un stress inutile à la faune.
Le rôle des supports pédagogiques et des animations locales
Plusieurs offices de tourisme et associations proposent des balades accompagnées dans la forêt de Senonches afin d’initier les plus jeunes à la reconnaissance des traces et indices de présence animale. Certains guides, parfois naturalistes, partagent de passionnantes anecdotes sur la manière dont les renards se nourrissent, ou sur la façon dont les biches protègent leurs faons.
D’après les informations communiquées par l’Office de Tourisme du Perche Senonchois, des sorties thématiques sont organisées au fil de l’année. On peut y apprendre à identifier les empreintes de cerfs ou à distinguer le chant du coucou de celui d’une simple tourterelle. C’est aussi l’occasion de découvrir la sylviculture raisonnée qui préserve l’habitat de la faune. Les enfants adorent repartir avec un petit carnet rempli de croquis, de feuilles, de photos et de souvenirs d’empreintes moulées en plâtre.
Petite note sur la saisonnalité
À chaque saison, son lot de surprises : au printemps, l’éveil de la végétation attire des insectes pollinisateurs et de nombreux oiseaux qui nichent dans les cavités des arbres. En été, la fraîcheur de la forêt devient un refuge bienvenu pour échapper aux fortes chaleurs. À l’automne, la floraison laisse place à un festival de couleurs, tandis que les cervidés s’adonnent au célèbre brame du cerf, spectacle sonore saisissant. Et en hiver, un manteau blanc recouvre parfois la forêt, révélant chaque empreinte laissée par un lièvre ou une martre en quête de nourriture.
Les familles expérimentent souvent les mêmes sentiers à différents moments de l’année pour apprécier la transformation du lieu et les changements de comportement de la faune. Voir un cerf se déplacer prudemment entre les troncs dépouillés en hiver ou surprendre un écureuil joueur au printemps demeure un enchantement renouvelé.
Sources d’information et idées complémentaires
L’ONF (Office national des forêts) constitue une ressource de choix pour approfondir ses connaissances sur la gestion forestière et la biodiversité de la forêt de Senonches (source : www.onf.fr). De même, le site officiel Tourisme 28 (www.tourisme28.com) répertorie les activités nature et donne des suggestions de balades dans tout le département.
Au fil des parcours, il peut être amusant de comparer ses trouvailles avec celles recensées dans des ouvrages spécialisés sur la faune sauvage. Certains guides naturalistes, parus chez Delachaux et Niestlé, présentent des photos d’empreintes, de plumes ou de crottes qui aident à identifier l’espèce visitée. Les enfants adorent jouer aux détectives, et chaque indice découvert incite à fouiller davantage la forêt du regard.
Pour prolonger l’expérience, la visite du Château-Musée de Senonches apporte également un éclairage sur l’histoire de la forêt, en montrant comment l’homme a interagi avec elle à travers les siècles. Des expositions temporaires peuvent aussi aborder la thématique de la chasse ou de la gestion durable, offrant un panorama assez complet de la relation entre l’humain et ce patrimoine forestier.
Un voyage enchanteur à partager en famille
Emprunter les sentiers de la forêt de Senonches revient à plonger dans un univers où la magie de la nature opère à chaque instant. Les enfants, parfois agités en début de promenade, finissent souvent bouche bée devant un écureuil grignotant un gland ou un cerf majestueux s’éloignant avec élégance. La clé de ces instants éphémères reste la patience, associée à une bonne dose de respect pour la faune qui habite ces lieux.
Les sentiers mentionnés ne représentent qu’une partie des nombreuses possibilités. D’autres circuits plus longs, ou parfois plus confidentiels, attendent ceux qui souhaitent explorer chaque recoin du massif. Les offices de tourisme et les habitants du coin partagent volontiers leurs bons plans pour dénicher ces chemins un peu moins fréquentés, où l’on a l’impression d’être seul au monde au milieu des fougères et des grands arbres.
Des journées passées à déambuler sous les frondaisons de la forêt de Senonches peuvent imprimer des souvenirs inoubliables dans les esprits. Les rencontres avec la vie sauvage, même fugaces, éveillent une conscience écologique chez les plus jeunes, tout en renouvelant l’émerveillement des adultes. Entre chênes plus que centenaires, clairières baignées de soleil et sous-bois mystérieux, le décor se prête à une déconnexion totale avec le tumulte quotidien.
Au-delà de l’observation, les familles trouvent souvent un apaisement profond dans cette parenthèse végétale. Les pas s’alignent, les sens s’aiguisent, et les moments partagés autour d’une simple empreinte ou du vol d’un épervier gravent des émotions fortes. Le plaisir n’est pas seulement dans la découverte d’un animal, mais aussi dans la gratitude de profiter de ce précieux héritage forestier. Personne ne revient vraiment le même d’une escapade en forêt : un soupçon de poésie habite ensuite le quotidien, rappelant la beauté et la fragilité du monde sauvage.